En ingénierie, on aime les écrans, geek oblige. Mais ça n’est pas toujours par plaisir, car on est souvent obligé de :
- programmer avec le code source sur un écran et la documentation du langage sur un autre,
- designer des pièces sur un écran avec des fiches techniques sur un autre et/ou un manuel sur les genoux,
- taper un rapport de TP avec le sujet du TP à côté,
- comparer un graphique avec le tableau de ses données sources,
- …
- BREF : travailler sur un écran en consultant des documents de référence à côté.
On a donc besoin idéalement de plusieurs fenêtres pour avoir différents types d’informations sous les yeux en même temps. Il est possible de permuter entre différentes fenêtres sur un seul écran, mais au bout de 6h de travail, ça devient pénible, inutilement fatiguant et peu efficace, et le besoin de multiplier les écrans se fait rapidement sentir.
Et puis on a aussi des bouquins énormes, lourds et chers qui - technologie oblige - se périment en quelques années et sont ré-édités (donc ré-imprimés) tous les 3 à 5 ans environ. Des manuels ou des normes de 800 à 1200 pages au format 21x26 cm ou 21x24 cm qu’on utilise fréquemment et qui sont une plaie à transporter. Quant à les étudier pendant les temps morts dans les transports en commun ou dans une salle d’attente, n’y pensons pas : il faut une table pour les poser (effet grimoire garanti).
On a bien essayé de les embarquer en PDF sur nos écrans habituels (PC portables, tablettes ou smartphones), mais afficher des graphes et équations sur un smartphone, ne rêvons pas, et pour les écrans LCD plus larges, ils manquent souvent de hauteur (cf le maudit PC portable au format 16⁄9 - pourquoi plus personne ne fait de &frac43; ?) et le rétro-éclairage devient pénible au bout de quelques heures (on a déjà les plafonniers néons, ça suffit pour provoquer nos migraines).
Alors voilà, en ingénierie, et je suppose aussi en finance, sciences fondamentales, droit, etc. on aimerait bien pouvoir embarquer nos documents de référence sur des liseuses numériques à encre électronique, au minimum pour alléger nos sacs, mais aussi pour faire baisser les coûts des livres (à 180$ le manuel de design mécanique de 1060 pages, on ne rachètera pas la prochaine ré-édition) et également pour pouvoir répartir l’information dont on a besoin au travail sur différents écrans. Cela fait donc deux ans que nous sommes plusieurs, à Polytechnique, à surveiller avec espoir le marché des liseuses numériques à encre liquide.
Sauf qu’il n’y a toujours rien pour nous. Oui, il y a pléthore de modèles à écran 6 pouces, et quelques une en 8 pouces, mais les 8 pouces ont une résolution insuffisante pour nos graphiques (à peine 140 dpi), et même là, 8 pouces c’est encore un peu juste côté taille. Quant aux 6 pouces, on oublie. Sinon, il reste les tablettes, mais elles ne règlent pas le problème du rétro-éclairage et leur autonomie est trop faible pour en faire autre chose qu’un ego-gadget pour cadres dynamiques.
Donc si vous lisez ceci et que vous ne savez pas quoi faire de vos journées, faites-nous une liseuse professionnelle, pour ceux qui bûchent sur des gros documents indigestes, avec des équations mathématiques, des schémas et des graphiques dedans. Côté fonctionnel, pas besoin de gadgets, simple et efficace :
- gestion de la bibliothèque,
- un bon lecteur PDF réactif (parce que les maths, en epub, c’est toujours pas pour demain et que de toute façon, tout le monde travaille sur PDF en entreprise),
- la prise de notes et d’annotations synchronisables avec le PC,
- un outil de recherche dans le PDF (Ctrl + F),
- une table des matières naviguable,
- un écran 13 pouces (21x26 cm) d’au moins 220 dpi de résolution,
- un support de table pour les poser debout.
Bonus si vous êtes capable de nous sortir le tout dans moins de 300 g, moins d’un cm d’épaisseur, et avec une autonomie d’au moins 72 h de fonctionnement continu.
Ok, si vraiment vous insistez, vous pouvez aussi vous lâcher sur :
- une coque en aluminium brossé (le plastique vieillit mal),
- l’impression des PDF via Wifi directement depuis la liseuse,
- une synchronisation Google Drive, DropBox, Owncloud, etc.
- l’ajout de différentes librairies ebooks (parce que les comptes annuels, c’est sympa, mais Mme Bovary c’est pas mal non plus),
- une API pour scripter nos propres add-ons et applis en Python ou en Java,
- tant qu’à y être, carrément un OS linux ARM dégraissé et déplombé, qu’on puisse faire joujou avec,
- et puisqu’on en est là, la possibilité de flasher physiquement la ROM pour mettre à jour l’OS.
Je vous assure qu’il y a un marché. Peut-être pas des millions de personnes, mais au moins plusieurs milliers qui apprécieraient le confort et le gain d’efficacité apportés.