Les éditeurs de logiciels métiers, dédiés à un usage professionnel abusent clairement de leur position plus ou moins dominante, auprès des étudiants, qui devraient au contraire être chouchoutés en tant que futurs clients.
Il est des logiciels incontournables qui sont devenus des références dans leur domaine, à tort ou à raison, au point d’être des must-have : la suite Microsoft Office pour la bureautique, la suite Adobe PhotoShop - Indesign - Illustrator pour le graphisme et la PAO, CATIA (Dassault Systèmes) - AutoCAD (AutoDesk) pour la conception et l’ingénierie assistées par ordinateur, le pack MatLab - Maple - Simulink(MathWorks) pour le calcul formel et matriciel, LabView (National Instruments) pour la simulation et l’instrumentation.
These softwares have became standards de facto, que vous devez obligatoirement possédez sur votre ordinateur, non pas pour créer (des alternatives, en particulier libres, existent) mais plutôt pour pouvoir lire et éditer les fichiers sous format propriétaire que l’on vous envoie.
Le problème survient lorsque vous êtes étudiant, donc à ressources limitées, et qu’il faut s’offrir la licence dudit logiciel dont la prise en main est au programme de votre formation.
Si certains éditeurs, comme AutoDesk, jouent le jeu et proposent, moyennant inscription sur leur site, les 3 dernières versions de tous leurs logiciels gratuitement pour les étudiants, d’autres comme Dassault Systèmes s’imaginent pouvoir extorquer 99 € pour une licence CATIA étudiante (donc limitée) de 3 mois.
Mais entendons-nous d’abord sur les bases : lorsqu’on parle de logiciels de conception ou de logiciels technico-scientifiques, on ne parle pas de logiciels de traitement de texte. Si quelques heures de bidouillages, avec le support éventuel d’un manuel, suffisent à prendre en main Microsoft Word, dans le cas de CATIA, c’est plusieurs dizaines d’heures de formation qui sont nécessaires afin seulement de maîtriser les bases de l’outil.
L’étudiant, c’est le futur utilisateur du logiciel métier, donc le futur client. Un client qui va finir ses études formé à l’utilisation d’un logiciel complexe pour 0 € déboursés côté éditeur logiciel.
En tant qu’entrepreneur, si mon équipe maîtrise majoritairement AutoCAD, je vais m’équiper AutoCAD ou Inventor plutôt que CATIA, m’évitant ainsi d’envoyer tout le monde en formation pendant des semaines avant d’être opérationnel. C’est logique. En réalité, cela dépend aussi de la nature des produits que je conçois, car chaque logiciel a ses affinités, mais dans l’idée je préfère l’outil utilisable le plus rapidement.
Partant de ce postulat, sur quoi Dassault Systèmes base-t-il sa brillante stratégie commerciale ? Sur l’extorsion !
Oui, un éditeur de logiciels se doit de financer ses coûts de fonctionnement et de développement. Moi aussi, je suis entrepreneur. Mais quand on vend la licence 40 000 $ CA par poste et par an à Bombardier, je pense que les coûts sont largement payés et qu’on peut raisonnablement se permettre des largesses sur les versions étudiantes, si c’est pour former ses futurs clients.
Nous autres, étudiants en ingénierie, avons trouvé la réponse : les copies crackées qui circulent sous le manteau. Et c’est un secret de polichinelle. Pour 99 €, on peut manger environ 2 semaines… C’est illégal ? Expliquez cela à nos banquiers !
Édit du 16/11/2013 : D’après une source interne de Dassault Systems, ce sont les ingénieurs de Dassault qui font eux-mêmes fuiter Catia sur les réseaux de téléchargement illégal, afin que les étudiants puissent se l’approprier. Cette publicité gratuite organisée sciemment donne un autre point de vue sur le téléchargement illégal.
Cependant, un service de Dassault Systems est spécialement dédié à la vérification des licences des entreprises utilisant Catia (probablement au moyen d’une porte dérobée dans le logiciel), et des plaintes sont systématiquement déposées contre les entreprises qui utilisent des copies piratées (dont l’original peut valoir jusqu’à 40 000$/poste/an).
Crédits Illustration : Julian50.