1. Nicolas 23 août 2019 à 12 h 12 min - Répondre

    Merci pour cet article intéressant. :-)
    J’aimerais apporter quelques compléments à cet article et nuances, bien que globalement je sois plutôt en accord avec ce que tu dis.

    Il y a tout de même plusieurs raisons viables et pertinentes à recycler, ou revaloriser comme on préfère le dire maintenant bien que les deux termes soient un peu différents dans l’idée, j’y reviens un peu plus tard.

    Tout d’abord cela permet de créer des filières de récupération afin d’éviter que ta bouteille de bière ou la carte mère de ton ordinateur se retrouvent au bord d’une rivière ou au fond de ton jardin. Même si on n’en fait rien après et que c’est juste enfoui, c’est déjà pas mal je trouve et ça permet de réduire la pollution environnementale lié à la fin de vie des objets (on voit moins de machines à laver dans le bord des routes ou dans les forêts de nos jours).

    Ensuite, certes pour certains matériaux le recyclage est discutable, notamment le verre que tu le mentionnes ou clairement un système de consigne serait probablement plus écologique et efficace (ou le passage à la bouteille plastique ?).
    Je me doute que pour l’exemple tu prends des matériaux problématiques, mais il en existe tout de même pas mal d’autres qui fonctionnent bien : le papier qui est facilement réutilisable et à faible coût pour créer de nouveau du papier, les vieux vêtements qui sont broyés pour faire des rembourrages de sièges de voiture ou autres coussins en tous genres, les polymères thermoplastiques (PET) qu’on peut refondre à faible température (environ 150 °C) pour les re-mouler et re-fabriquer des objets (bouteille en plastique), les ordures ménagères en compost ou pour les poules, etc. Les exemples comme ceux-ci sont nombreux et sont pertinents. Rejeter le recyclage de base est un peu radical du coup.

    Ensuite évidemment pour l’électronique c’est déjà une autre paire de manche, et comme tu dis le recyclage des éléments de base des composants électronique se fait Asie dans des conditions plutôt déplorables (autant pour les personnes qui font le job que pour l’environnement).
    Mais comme je l’ai dit plus haut, le recyclage passe aussi par la revalorisation et dans ce domaine ça peut fonctionner assez bien et serait bien à développer : il existe des associations qui récupèrent des vieux ordinateurs pour installer Linux dessus et les donner à des personnes qui n’ont pas les moyens d’en acheter un neuf. C’est aussi possible d’envoyer du vieux matériel toujours fonctionnel dans des pays en voie de développement, mais je ne sais pas si c’est par pur altruisme ou pour se débarrasser de nos déchets (je vais être optimiste : je vais retenir la première proposition). Ça permet de réduire les déchets, réduire la production (ou au moins réduit l’augmentation) et permettre à tous d’avoir accès à du matériel informatique qui favorise tout de même l’intégration dans notre société où tout de fait de plus en plus sur le Net.
    Évidemment, dans ce domaine ça passe aussi dans la facilité de réparation du matériel pour éviter à avoir à jeter ton smartphone parce que la batterie est HS ou parce que le logiciel n’est plus compatible avec.
    D’ailleurs, tu parles des ampoules, sur ce sujet je suis plutôt dubitatif sur le gain écologique des lampes à DEL de nos jours, certes elles consomment moins, mais sont bien plus polluantes à fabriquer/recycler et n’ont pas forcément une durée de vie plus longue du fait que ce n’est plus le filament qui claque, mais les contacts électriques dans la lampe qui pètent très vite parce que fabriqués à moindre coût avec le minimum de matière possible).

    Ensuite tu parles un peu de la métallurgie, et notamment les alu que je connais plutôt bien (surtout le 6061 qui est une vraie plaie dans mon domaine et qui me nourris directement depuis quelques mois et indirectement depuis quelques années ^^) pour apporter quelques compléments. Bien qu’ils soient considérés comme matériaux haute performance (en gros parce que application aéro), on est tout de même très loin d’utiliser des matériaux purs à 99,999 %. Tu peux voir sur le graphique ci-dessous les normes de composition du 6061 (Al-Mg-Si) et du 2024 (Al-Cu-Mg) (source : Handbook of Aluminium and Aluminium Alloys qui est mon livre de chevet depuis 4 ans) qui représentent une bonne partie des alliages aéro (j’oublie volontairement les Al-Zn par flemme, mais c’est pareil).

    J’omets aussi les normes spécifiques Safran ou autres qui sont plus strictes (je ne les connais pas et ne sont pas accessibles gratuitement), mais s’autorise tout de même la présence de quelques impuretés dans l’alliage.

    Évidemment, on ne va pas utiliser ton vélo pour fabriquer des avions, ni même des pièces d’avion pour refabriquer un avion (encore que…), mais c’est pertinent de recycler les pièces à haute valeur ajoutée pour fabriquer des pièces à plus faible valeur ajoutée et ou les contraintes en termes de qualité sont plus faibles. En gros, on peut les récupérer pour des applications grand public : globalement ce n’est pas grave si dans ton vélo il y a 0,5 % de chrome ou que ta cannette en alu contient 1 % de fer, ça ne changera pas grand-chose au final. Ici, le recyclage est viable en baissant le niveau de qualité nécessaire à l’application, et plus tu recycles, plus tu réduis la qualité pour une nouvelle application moins exigente.
    Un exemple intéressant est les fibres de carbone : en aéro c’est surtout utilisé dans du PEEK (polyétheréthercétone qui est un polymère thermodurcissable) sous forme de composite avec des fibres longues (plusieurs centimètres de long voire plus) de verre ou de carbone (en nappe voire tissé en 2D ou 3D).
    Mais pour le grand public on va te vendre des montures de lunettes « fibre de carbone » à partir des déchets des applications aéro (donc coûte de fabrication quasi nul) avec des fibres de max quelques millimètres de long qu’ils vont te revendre plus cher au kilogramme que le composite du fuselage de l’A350. C’est aussi une forme de recyclage, économique dans ce cas parce que super rentable. :-)
    J’ajouterai qu’on utilise de plus en plus de composite en aéronautique (environ 50 % dans l’A350 et le Boeing 787), mais que ces derniers sont impossibles à recycler à l’heure actuelle (i.e. séparer les fibres du PEEK qu’on ne peut pas fondre). Du coup on gagne en masse et consommation de kérosène pour perdre en recyclage.
    Évidemment, on est d’accord pour le vélo fait à partir de capsules Nespresso qui est dérisoire et juste un coup de com’ de la marque pour tenter de dire qu’ils sont écolos (du greenwashing classique) ; l’industrie des capsules de café en alu étant de base une aberration écologique selon moi (#CafetièreÀPiston)  ; d’autant plus que j’ai toujours trouvé leur café dégueulasse en plus de te le vendre à prix d’or, mais c’est une autre histoire. ^^

    Pour finir, parce que mon commentaire commence à être plus long que ton article ^^, on est d’accord sur le fait que le recyclage n’est pas une fin en soi et que le plus important reste de réduire la consommation donc production, donc PIB, faciliter la réparation des objets, faire du circuit court et favoriser la réutilisation/revalorisation les objets en fin de vie (objet entier ou ses différents constituants). Mais il existe tout de même pas mal d’application où le recyclage est pertinent et utile et que ça serait dommage de s’en passer. :-)